PRM Cécicul ♥

Le regard incendiaire que la rouquine lui lança ne déplut pas à l'alezan ; bien au contraire. C'était le signe que ses mots visaient juste, qu'ils avaient tapé exactement là où elle ne voulait pas être atteinte. La façon que les frères du Nord avaient de toucher juste était fortement désagréable et eux-mêmes refusaient parfois de s'adonner à la pratique de la langue de vipère. Mais pour autant, Crown était satisfait de voir que la rouquine ne se portait pas plus mal après l'avoir simplement assassiné du regard, comme n'importe qui l'aurait fait après qu'on ait mis à sac un ou deux de ses rêves. La vengeance avait été le rêve le plus puissant de l'alezan il fut un temps -pas si lointain d'ailleurs-, mais s'en débarrasser avait été sa plus belle victoire.

"Je ne donne pas d'ordre aux âmes libres" Murmura le mâle en détournant le regard, non sans ressasser ses propres mots pendant quelques secondes. On ne dirige pas les âmes libres, elles restent éternellement détachées de toute forme d'autorité, et ne supportent pas les chaînes bien longtemps. Et l'alezan ne pensait pas se tromper en estimant que la rouquine -merde faudrait qu'il pense à lui redemander son nom à l'occasion, il n'est pas aussi tatillon que North sur l'identité- faisait partie de ce genre de personnes. Inatteignable, intouchable. Libre. Seules trois personnes avaient été rangées dans cette catégorie par Crown (oui il fait des catégories gna gna gna) : Lucy, la rouquine... et lui-même.

Les heures de marches se succédèrent, à coups de piques régulières. L'amusement régulier qu'il ressentait en la présence de la rouquine déliait un peu son estomac noué par la crainte de trouver un autre cadavre au moindre détour de chemin ; craint qui heureusement pour le moment ne s'était pas avérée justifiée. Les deux roux n'atteignirent les monts d'Edelrin qu'au coucher du soleil. Ils approchaient donc les heures les plus dangereuses pour sortir, mais Crown était persuadé qu'être deux était bien assez dissuasif pour qu'ils ne soient pas attaqué. A peine entré en terres Edelrin, l'échine du mâle le picota désagréablement. "Ça pue la tension" Murmura-t-il tranquillement à l'alezane, comme s'il venait de dire qu'il faisait nuit. Cette même tension qui commençait doucement à gronder dans les cœurs inquiets. Même le sien s'y mettait.