Les quelques jours que Cari avaient passé dans le désert chaud et aride avaient eu raison de sa patiente. Incapable de rester en place, elle était partie à la découverte de son nouveau territoire. Elle avait pu trouver refuge dans la forêt lorsque les vents se faisaient plus fort ou que la pluie menaçait. Elle avait maintenant décidé de l'explorer plus en détail, allant jusqu'à son cœur pour dénicher tous ses secrets.

La température était plus fraiche et la jeune pouliche pu profiter pleinement des baies savoureuses ainsi que des minces rigoles d'eau qui dévalaient çà et là la pente abrupte des arbres. Elle se sentait toute petite en comparaison avec l'immense étendue d'arbres hauts et forts. Elle s'en voulait de n'avoir que deux yeux pour explorer ce monde de verdure et essayait de ne rien oublier de regarder. Elle gardait pour cela sa tête tantôt à ras des feuilles orangées par les saisons, tantôt les naseaux vers le ciel dans des postures assez comiques. Son excitation redoublait quand elle apercevait quelque chose de nouveau et ses grands yeux noirs se mettaient à briller. Un papillon frôlant son nez la fit loucher et elle partit sans réfléchir à sa poursuite. Elle bondit à ses cotés le touchant à peine mais sa détermination sans limite la poussa à avancer encore un peu. Posé sur une fleur blanche et délicate, sa proie était bien visible. Aëlyn avança doucement, pas à pas, et quand elle fut tout près, réessaya de le toucher des naseaux, sans grand résultat. La baie se laissa tomber dans l'herbe et elle ferma ses yeux, appréciant le silence de l'endroit.

Un rire léger la remit pourtant bien vite sur ses sabots, les sens aux aguets. Si elle n'était pas seule, elle ne le serait pas bien longtemps... Elle suivit la trace de l'inconnu grâce à son odeur et bientôt, ses petits pas feutrés s'immobilisèrent. Devant elle, à quelques mètres tout au plus, se dressait une autre pouliche. Cari avança encore un peu, le danger semblait s'être envolé. Elle n'était pas du tout inquiétée par la nouvelle venue mais un léger malaise causé par le rappel de son amnésie l'empêcha de prendre la parole. Se pouvait-il que la palomino la connaisse d'avant ? Bien sûr c'était peu probable étant donné que personne n'avait semblé la connaître avant mais le doute était toujours permis.